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Les troubles urinaires du chien

Les troubles urinaires des chiens sont des affections aussi variées que répandues. Ils ne se résolvent généralement pas spontanément et nécessitent donc une prise en charge vétérinaire. Il est donc important de connaître les plus courants afin de savoir les reconnaître, et de les prévenir dans la mesure du possible.

Illustration : "Les troubles urinaires du chien"

Les troubles urinaires chez le chien : quels sont-ils ?

Le terme de « trouble urinaire » englobe un grand nombre de pathologies touchant le chien, et des syndromes très variés. On distingue les affections du Bas Appareil Urinaire (vessie et urètre), et les affections du haut appareil urinaire, comme dans les reins. Dans le langage courant, par trouble urinaire, on entend souvent les affections du bas appareil urinaire et c'est celles qui seront abordées dans notre article.

Parmi ces pathologies, on distingue les affections obstructives, c’est-à-dire celles dans lesquelles l’action d’uriner est gênée ou empêchée, et les affections non obstructives. Les affections obstructives sont le plus souvent des calculs des voies urinaires, dits urolithes, et parfois des tumeurs. Les affections non-obstructives sont dans la majorité des cas soit de l’incontinence, soit des infections (ici des ITU, Infections du Tractus Urinaire)

Quelle que soit leur forme, les troubles urinaires sont problématiques pour le chien, et parfois son propriétaire. En effet, ils sont très souvent associés à des douleurs ou de l’inconfort lors de la miction. De plus, l’incontinence peut vite devenir dure à vivre pour des propriétaires de chien d’intérieur.

Les urolithes, l’incontinence et les ITU représentant environ 65 % des cas d’affections du bas appareil urinaire chez les chiens, il sera principalement question de ces trois pathologies.

L’incontinence

L’incontinence chez le chien peut avoir plusieurs origines : elle peut s’exprimer par une impossibilité de se retenir (défaut de stockage), ou au contraire des difficultés à uriner (défaut de vidange) menant à une vessie toujours remplie, qui « déborde » lorsqu’elle est trop pleine.

La plupart des cas de difficultés de rétention sont causés par une contraction trop faible du sphincter lisse, muscle fermant l’urètre et empêchant donc une miction normale. Son incompétence est le plus souvent liée à la stérilisation, en particulier chez les femelles, chez lesquelles cette affection est beaucoup plus courante que chez les mâles. Elle est également plus courante chez les chiens de grande taille, et chez certaines races comme les Rottweilers ou les Dobermans. L’incontinence, notamment au couchage, est le principal symptôme. Il peut également s’agir de gouttes lors de l’excitation chez les mâles.

L’incontinence suite à une stérilisation apparaît dans beaucoup de cas avant les 3 ans du chien ou de la chienne. Des traitements médicaux très efficaces sous forme de comprimés sont disponibles, ainsi que des traitements chirurgicaux dans les quelques cas où les comprimés ne suffisent pas.

Il existe d’autres défauts de stockage, comme les défauts de capacité de la vessie, dans lesquels le volume d’urine que peut contenir la vessie est réduit. Cela peut être provoqué par un mauvais placement de la vessie dans le corps de chien, un calcul volumineux ou une tumeur la comprimant. Dans ces cas-là, l’incontinence va surtout s’exprimer au couchage ou à l’excitation par des « pipi de joie » : comme le chien est conscient d’uriner, il est possible qu’il se mette en position. Il est important de relever ce comportement afin d’en faire part au vétérinaire pour l’aider dans son diagnostic.

L’incontinence liée à des défauts de vidange (par trop-plein), a elle aussi plusieurs causes possibles : elle peut être liée à une trop forte contraction du sphincter, qui rend difficile la miction. Dans ce cas-là, les symptômes seront souvent des difficultés à uriner, avec des mictions plus longues que d’habitude et parfois discontinues. Elle peut également être liée à une diminution ou une disparition de la puissance des contractions de la vessie, qui permettent en temps normal d’uriner. La pression du jet sera alors faible, voire inexistante si la vessie ne se contracte plus du tout.

Ainsi, l’incontinence peut être causée par de nombreuses affections. Peu de mesures permettent sa prévention, si ce n’est d’éviter les prises de poids, qui constituent un facteur de risque.

Les calculs urinaires

Les calculs urinaires, ou urolithes, sont causés par des maladies appelées urolithiases. Celles-ci ont plusieurs facteurs d’apparition, comme une urine trop concentrée, ou pas assez acide dans le cas de certains types d’urolithes.

Ces calculs peuvent être constitués de plusieurs minéraux, en particulier des struvites ou des oxalates de calcium (ces minéraux représentent plus de 8 urolithes sur 10 à eux deux). Les conditions de formation varient entre les minéraux : l’oxalate de calcium, par exemple, va former des calculs dans des urines acides, contrairement à la plupart des autres, comme dit précédemment.

Des facteurs de risque ont été identifiés : principalement les Infections du Tractus Urinaire (ITU), présentent dans 95 % des cas d’urolithes. Certaines races, différentes selon les minéraux, sont également plus prédisposées que d’autres aux urolithiases. C’est le cas des Cockers, des Yorkshire Terrier et des Bichons. De plus, les femelles sont plus touchées que les mâles.

La présence d’un calcul va se manifester par des mictions plus fréquentes et moins volumineuses et/ou sanglantes. Le vétérinaire devra alors déterminer si le calcul est situé dans la vessie ou dans l’urètre : dans le premier cas, on se contentera d’augmenter l’apport d’eau par l’alimentation et la fréquence de sorties hygiéniques pour permettre la dissolution de l’urolithe, si sa nature le permet. Autrement, si sa dissolution est impossible ou si l’urolithe risque d’obstruer les voies urinaires en raison de sa taille ou de son emplacement, il est urgent de le retirer chirurgicalement.

Pour limiter les risques de formation d’urolithes, on peut essayer d’apporter suffisamment d’eau au chien via sa nourriture (éviter donc une alimentation exclusivement sèche) et lui permettre de faire ses besoins fréquemment au cours de la journée.

Les infections du tractus urinaire

Les infections de l’appareil urinaire sont le plus souvent causées par des bactéries entrant par l’urètre. La miction est alors affectée et peut être fréquente, douloureuse, lente et/ou sanglante.

Une fois le diagnostic établi par le vétérinaire, le traitement consistera en l’administration d’anti-inflammatoires et d’antibiotiques. On pourra également conseiller un apport d’eau plus important par l’alimentation pour permettre un retour à la normale des mictions, mécanisme naturel de défense contre les infections.

Les troubles urinaires du bas appareil sont donc variés, mais présentent des symptômes communs, affectant principalement la miction. Il est donc important de faire examiner son chien dès les premiers signes pour poser un diagnostic tôt et améliorer la prise en charge. La prévention de ces troubles passe notamment par un apport suffisant en eau dans l’alimentation.

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