Les 5 sens du chien
Nos compagnons, tout comme nous, sont capables de voir, d’entendre, de goûter, de sentir et de toucher. Mais perçoivent-ils le monde de la même façon que nous, les humains ? Il est intéressant en tant que propriétaire de comprendre les différences entre nos sens humains et ceux de nos chiens, et donc leur propre perception du monde. Cela nous permet de mieux les écouter, de comprendre leurs besoins et de décrypter leurs comportements au quotidien.
L’odorat
L’odorat chez le chien est sans aucun doute le sens le plus développé : il est entre 30 à 40 fois plus développé que chez l’homme. La muqueuse olfactive est très développée et tapisse une surface très grande avec une quantité importante de récepteurs olfactifs reliés au cerveau par des nerfs. Il possède aussi un organe voméronasal, appelé aussi organe de Jacobson, qui lui est très important dans la détection des phéromones. Il s’agit de molécules de structure chimique proche de celle des hormones, qui agissent comme des messages entre les chiens et même avec d’autres espèces.
Les chiens peuvent détecter très finement certaines odeurs. Par le mécanisme de flairage qui consiste en des cycles d'inspiration/expiration très courts, ils sont capables de maximiser la réception des molécules en amenant une grande quantité de molécules jusqu’aux récepteurs situés dans le nez.
Le chien se sert de son odorat pour se repérer. Il compense sa mauvaise vue par un scan accru des odeurs dans son environnement. Il peut reconnaître des endroits sans les voir et retrouver son chemin grâce aux odeurs rencontrées sur sa route.
Son odorat lui sert également à la recherche et à la sélection de nourriture. Avant de manger quoi que ce soit, une inspection olfactive minutieuse est faite par le chien pour compenser la faible quantité de récepteurs présents sur sa langue. Enfin le chien se sert des odeurs pour communiquer avec ses congénères. Lors de balade, les chiens se reniflent pour se connaître ou se reconnaître. Ces odeurs servent aussi lors de la reproduction pour que le mâle reconnaisse les femelles en chaleur.
© Ester Galasso
Leur odorat sert d’ailleurs énormément les brigades cynophiles, comme pour la détection d’explosifs, de stupéfiants, ou encore pour retrouver des personnes ensevelies sous des avalanches ou des décombres lors de séismes.
De plus, des études récentes très prometteuses ont été réalisées chez des chiens pour la détection du SARS-Cov2 (virus en cause pour le Covid-19) ou encore pour le dépistage précoce de cancer de la prostate sur des prélèvements d’urine. D’autres chiens sont éduqués pour venir en aide à des personnes diabétiques ou épileptiques par exemple, car ils arrivent à détecter des crises de façon précoce et peuvent donc en avertir le bénéficiaire pour qu’il se mette en sécurité avant que la crise ne survienne.
Enfin, d’autres activités de loisir incluent l’odorat très performant des chiens, comme la recherche de gibier lors de la chasse ou de truffes.
La vue
Une idée reçue, concernant la vision des chiens, circule encore fréquemment : les chiens voient en noir et blanc. Eh bien c’est faux ! Certes, les chiens ne voient pas aussi bien que nous, mais ils arrivent à détecter une gamme de couleurs restreinte.
La rétine est la structure située à l’arrière de l'œil qui permet de réceptionner les informations lumineuses. Il y a deux types de cellules : les cônes qui servent à la perception des couleurs, et les bâtonnets qui aident à la vision nocturne et à la détection des mouvements. Le ratio de ces deux types cellulaires est différent de celui de l’homme ; les chiens vont donc voir moins de couleurs, mais vont mieux voir la nuit et les mouvements.
Autre particularité, les chiens possèdent une surface qui réfléchit la lumière sur la rétine, appelée « le tapis », qui permet de mieux voir dans l’obscurité en amplifiant la lumière qui arrive sur la rétine. C’est pour cette raison que les chiens ont les yeux « qui brillent » dans la nuit, comme les chats.
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Enfin, le champ de vision des chiens est plus étendu que chez l’homme. En effet, les yeux sont plus latéraux sur leur face, ce qui leur permet d’avoir un champ visuel beaucoup plus large !
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Le goût
Chez le chien, le goût est moins développé. Ils possèdent en effet moins de papilles gustatives que les humains. Ils arrivent à reconnaître les goûts amers, acides, sucrés et salés, mais la gamme de nuances que leurs papilles gustatives peuvent reconnaître est plus limitée. Avant de manger un aliment, l’odorat joue donc un rôle essentiel avant qu’il ne décide à l’ingérer ou non. Vous verrez sûrement votre chien renifler longuement sa nourriture ou un aliment différent avant de le mettre dans sa gueule.
Comme nous, certains chiens sont plus gourmands que d’autres. On suspecte même une origine génétique chez certaines races. Par exemple, le gène POMC des Labradors est muté, ce qui modifie leur comportement et diminue la satiété. De ce fait, ils vont être rassasiés beaucoup moins rapidement. Cela les prédispose certes à l’obésité, mais constitue néanmoins un avantage en termes d’éducation, grâce à une grande motivation dans un système de récompenses.
L’ouïe
Le chien a une ouïe supérieure à celle de l’homme, tant en termes de distance qu’en termes de gamme de sons. En effet, il perçoit les ultrasons, c’est-à-dire des sons qui ont une fréquence supérieure à 20 000 hertz. Il perçoit également des infrasons, donc des sons dont les fréquences sont inférieures à 20 hertz.
Cette perception accrue des sons s’explique notamment par l’anatomie de l’oreille du chien, cette dernière possédant une grande quantité de cellules sensorielles dans l’oreille interne au niveau de l’organe de Corti. Ces récepteurs permettent de réceptionner les ondes sonores de fréquence aiguës.
Le toucher
Contrairement à l’homme, qui ne possède que la peau comme organe du toucher, d’autres organes sont intégrés chez le chien dans la perception du toucher. Tout d’abord la peau du chien comprend, comme celle de l’homme, des thermorécepteurs et des mécanorécepteurs qui assurent la perception des variations de pression ou de température. Le chien a comme particularité d’avoir un muscle peaucier très développé qui recouvre la surface de son tronc et qui permet aux poils de se hérisser ou de se contracter, lors de pincement par exemple.
Le chien possède aussi des vibrisses, qui lui servent à se repérer dans l’espace grâce à des mécanorécepteurs qui se plient sous l’effet de mouvements d’air ou de pression, et qui sont intégrés comme information par le système nerveux.
Nos boules de poils n’ont pas la même perception de leur environnement, car leurs sens ne sont pas égalitaires. La connaissance globale de l’anatomie des organes des sens, et ses conséquences, permet de mieux comprendre nos chiens en les observant dans leur milieu de vie et de s’interroger sur leurs comportements face à des stimuli extérieurs.
Bibliographie
- Cours de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort sur l’anatomie, physiologie et neurologie
- GRANDJEAN D. (2021) Olfactory Detection Dogs for COVID-19 Screening What’s up to Date. Journal of Animal Sciences and Livestock Production
- GUEST C., HARRIS R., SFANOS K.S., et al. (2021) Feasibility of integrating canine olfaction with chemical and microbial profiling of urine to detect lethal prostate cancer. PLOS ONE
- UNIVERSITY OF BRITISH COLUMBIA (2020) UBC Neuroanatomy. In neuroanatomy.ca [http://www.neuroanatomy.ca/]
- ARANEDA R.C., KINI A.D., FIRESTEIN S. (2000) The molecular receptive range of an odorant receptor. Nature Neuroscience 3(12)
Par Ester Galasso
Étudiante vétérinaire
Étudiante en 4e année, Ester Galasso a intégré l’École Nationale Vétérinaire d'Alfort (ENVA) en 2020 après une prépa BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre). Elle souhaite poursuivre ses études en canine et peut-être se spécialiser en chirurgie ou médecine interne.