Les aboiements intempestifs du chien
L’aboiement est un mode de communication fréquent chez le chien. Ce type de vocalise, en excès, peut cependant vite devenir dérangeant pour le propriétaire et son entourage. Il est donc nécessaire d’identifier le type de situation déclenchant ces aboiements excessifs afin d’y remédier. Une consultation vétérinaire en médecine du comportement pourra proposer des solutions comportementales, voire médicamenteuses.
Défense du territoire, alarme
Certains chiens ont tendance à aboyer dès qu’ils aperçoivent un éventuel danger, ou un individu s’approchant de chez eux. Cela est favorisé chez les races dites de « chiens de garde », dans lesquelles une sélection sur les aboiements d’alerte s’est faite. Alors que certains vont seulement alerter leur entourage, d’autres ne cessent d’aboyer que lorsque la menace a disparu.
Une situation courante est ainsi celle du chien aboyant lorsque le facteur passe devant chez lui. Lorsque le facteur repart, le chien aboie toujours. Pour le chien, c’est donc ses aboiements qui provoquent le départ de l’intrus, ce qui renforce ce comportement.
Afin de réduire ce comportement indésirable, on peut confronter le chien à cette situation en la contrôlant. Dans cet exemple : demander à une connaissance que le chien ne connaît pas de passer devant le jardin et de toucher la boîte aux lettres. Le propriétaire appellera son chien et le gardera concentré sur lui, puis la personne arrivera à la boîte aux lettres. Le chien doit être constamment stimulé et récompensé pour son obéissance par son propriétaire, jusqu’au départ de l’individu. L’objectif est de détourner le chien de la situation qui le fait aboyer, et d’associer cette situation à quelque chose de positif, des friandises.
Agression
Dans des situations d’agression, un chien va de manière générale aboyer. À ces aboiements peuvent s’ajouter des grognements, les oreilles en arrière. Ces agressions sont chez certains individus dirigées en particulier vers les joggeurs ou les vélos, ou peuvent être liées à une défense du territoire.
On veillera à habituer le chien à la muselière et à la lui faire porter dans les situations qui le rendent agressif. Comme dans le cas de défense du territoire, l’important est de distraire le chien en lui demandant par exemple d’exécuter des ordres simples, afin qu’il se focalise sur son propriétaire et ne monte pas en pression. Son comportement sera récompensé par des friandises.
Douleur
Les chiens peuvent exprimer leur douleur par des vocalises diverses comme des gémissements, des couinements ou des aboiements. Les aboiements seront plutôt aigus, brefs, plaintifs. Ils surviendront ponctuellement, par exemple lors du lever ou du coucher pour une douleur à un membre.
Une consultation vétérinaire sera nécessaire afin de chercher la cause de cette douleur.
Excitation et hyperactivité
De nombreux chiens ont tendance à aboyer dans des situations d’excitation intense, comme le jeu, la promenade ou le retour du maître.
Cette situation, poussée à l’extrême, sera appelée hyperactivité. Le chien sera dans un état permanent d’excitation, sans forcément de lien avec des situations de joie. Il s’agit d’un dysfonctionnement du système nerveux.
Il est important d’identifier les circonstances et les signaux d’excitation du chien, afin de réagir vite. Le propriétaire doit rester calme afin de ne pas exciter lui-même le chien, et le faire asseoir. Après obtention du calme, c’est le propriétaire qui pourra décider de faire jouer le chien, le promener…
Attirer l’attention du maître
De nombreux chiens ont compris qu’aboyer attirait l’attention de leur propriétaire. Que ce soit pour disputer le chien ou juste venir le voir, le chien obtient ce qu’il veut. Ce comportement est renforcé par le propriétaire à son insu : si le chien s’arrête d’aboyer quand il le lui ordonne, il est probable qu’il soit récompensé par une friandise, une caresse ou un jouet. Ce chien a donc tout intérêt à recommencer !
Dans cette situation, il est nécessaire de ne pas s’occuper du chien quand il aboie, mais de l’ignorer, voire quitter la pièce.
Compenser un manque d’activité ou de relations sociales
Aboyer peut être révélateur d’un mal-être du chien, lié à un manque d’activité, de stimulation ou d’interactions. Le chien aboie pour s’occuper et évacuer son trop-plein d’énergie.
Dans ce cas, il est nécessaire d’enrichir l’environnement du chien : des jouets à fourrer, des jeux d’intelligence, des tapis de fouille ou à lécher… La fréquence et la durée des sorties doivent également être repensées : dans l’idéal, le chien doit pouvoir jouer avec d’autres chiens au cours de sa promenade, et pouvoir se défouler détaché ou en longe.
Anxiété de séparation
Un chien souffrant d’anxiété de séparation manifestera des signaux de stress en l’absence de son propriétaire : aboiements, destruction, gémissements, léchage de truffe, bâillements…
Il ne s’agit pas d’hyperattachement au propriétaire, mais bien d’anxiété.
Pour y remédier, le propriétaire ne doit donc pas « se détacher » de son animal, contrairement aux idées reçues ! En revanche, il veillera à lui proposer plus d’activités : éducation, agility, jeux d’intelligence… Un chien fatigué aura en effet tendance à moins stresser. La présence d’un autre chien peut également le rassurer.
Lors d’échec, une thérapie médicale sera proposée. Par exemple, un comprimé de gabapentine, donné avant que le propriétaire ne parte, peut permettre de diminuer la peur et l’anxiété du chien lorsqu’il est seul.
Syndrome de privation
Les chiens souffrant du syndrome de privation n’ont pas été exposés à suffisamment de stimuli lorsqu’ils étaient chiots : interactions sociales avec les humains, avec les autres chiens, découverte des bruits de la ville et de la vie quotidienne… Mis face à une situation qu’ils ne connaissent pas, ils seront donc dans un état anxieux, qui peut se manifester par des aboiements.
Une habituation est nécessaire. On confronte le chien de nombreuses fois à la même source de peur, en lui laissant la possibilité de s’approcher ou de partir, et en récompensant ses progrès. L’habituation doit être progressive et adaptée à l’évolution du chien : s’il a peur du bruit des voitures sur une route, on l'amènera chaque fois un peu plus proche de la route.
Autres solutions
L’aboiement est un moyen de communication pour les chiens, il peut donc parfois être difficile de l’empêcher. On pourra cependant contrôler sa survenue en apprenant l’ordre « Aboie » à son chien. Cela permettra ainsi d’autoriser le chien à aboyer lorsque ce n’est pas dérangeant.
De nombreux colliers anti-aboiement sont disponibles sur le marché, comme à la citronnelle ou à ultrason.
Enfin, lors d’échec de toute thérapie comportementale, une médication pourra être proposée par un vétérinaire. Aucun médicament n’est 100% efficace, un suivi sur le long terme et une adaptation du traitement sont nécessaires.
Bibliographie
- Gilbert, C. Cours d’éthologie. Ecole nationale vétérinaire d’Alfort.
- Houpt, K. (2012). Recent Advances in Companion Animal Behavior Problems. International Veterinary Information Service.
- Juarbe-Diaz, S. V. (1997). Assessment and Treatment of Excessive Barking in the Domestic Dog. Veterinary Clinics of North America : Small Animal Practice, 27(3), 515–532.
- Lindsay, S. R. (2001). Handbook of Applied Dog Behavior and Training, Volume Two : Etiology and Assessment. Iowa State Press.
- Magnan, S. (2001). L'aboiement intempestif, trouble du comportement chez le chien [Thèse vétérinaire non publiée]. Ecole nationale vétérinaire de Lyon.
Par Camille Verrier
Étudiante vétérinaire
Étudiante en quatrième année, Camille Verrier a intégré l’École nationale vétérinaire d’Alfort après une classe préparatoire BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre) au lycée Malherbe (Caen). Famille d’accueil pour chiens au sein de l’association Rêves de chien, elle s’est également engagée en tant que présidente dans l’association étudiante NAC Alfort, relative aux nouveaux animaux de compagnie. Elle souhaite devenir vétérinaire pour chiens, chats et NAC avec une formation en médecine complémentaire.