L'alimentation du chien en fonction de son poids
Les travaux de Lawler et Kealey tendent à montrer qu’une alimentation adaptée et non excessive peut augmenter de deux ans, en moyenne, l’espérance de vie de votre chien. L’alimentation est à adapter à chaque individu selon sa race, son poids, la stérilisation, son activité, etc. Dans cet article, nous vous guiderons sur l’alimentation idéale en fonction du poids de votre fidèle compagnon.
Quel est le poids optimal de mon chien ?
Toute ration alimentaire doit être envisagée en fonction de l’état corporel de votre chien. C’est une première étape qui n’est pas toujours évidente pour le propriétaire ayant tendance à sous-estimer le surpoids de son animal de compagnie. D’après les résultats de récentes études, on préfère un léger surpoids à une maigreur, car il a été démontré que si le chien tombe malade, il aura les réserves pour faire face à l’état pathologique.
On considère également qu’un vieux chien maigre aura tendance à se démuscler et perdre de l’état. Ainsi, pour objectiver le poids de votre animal, observez-le dans sa globalité et palpez ses côtes. Le poids optimal est atteint lorsque vous pouvez deviner les côtes à l’œil, lorsqu’elles sont palpables par simple application des mains de part et d’autre de la cage thoracique.
Si vous n’arrivez pas à sentir les côtes malgré une pression, votre chien est trop gros. Si les côtes sont individualisables et visibles à l’œil nu, votre compagnon est trop maigre. Complétez cette évaluation visuelle par une pesée.Cette dernière vous permettra de déterminer un poids idéal à partir duquel sera établie la ration de votre chien. Vous pouvez également consulter les références de poids de la race pour vous faire une idée.
Les bases de l’alimentation
À partir de ce poids idéal P, on peut calculer le besoin énergétique d’entretien (BEE) quotidien selon la formule suivante : BEE (kcal/j) = 130 x P0,75.
Cette quantité d’énergie apportée par l’alimentation permet à l’animal de combler ses besoins et le maintenir en bonne santé en assurant les réactions métaboliques de base. Le besoin énergétique d’entretien doit être corrigé par des facteurs propres à la physiologie de votre chien : race (k1), mode de vie (k2), âge/stérilisation/gestation (k3), maladie (k4).
Ainsi, on obtient la formule générale suivante : BEEcorrigé = BEE x k1 x k2 x k3 x k4.
Une fois le besoin d’entretien corrigé calculé, il faut répartir l’énergie selon les grandes composantes d’une ration : les protéines, les fibres, les lipides et les glucides. Le plus important à considérer est la part de protéines. En nutrition canine, on parle de rapport protido-calorique (RPC) pour lequel on établit un minimum à atteindre, variant selon le poids optimal de l’animal. On considère que les protéines animales apportent les acides aminés essentiels.
Les fibres alimentaires (fruits/légumes) permettent au chien d’avoir un transit correct, mais également d’augmenter le volume de sa ration. Les fibres doivent constituer environ 10 % de l’apport énergétique journalier.
Les lipides permettent d’apporter une bonne quantité d’énergie métabolisable, et sont importants pour garantir un apport en acides gras essentiels (oméga 3/oméga 6). Ils peuvent également augmenter l’appétence de la ration. Les lipides doivent constituer environ 10 % de l’apport énergétique journalier.
Les glucides permettent de combler la quantité d’énergie nécessaire dans la ration et augmentent son volume. On veillera à ce que la quantité de glucides (riz ou pâtes) ne dépassent pas la quantité de protéines. Ce déséquilibre pourrait perturber le transit.
L’alimentation idéale pour les différentes catégories de chiens
La principale différence est la quantité de protéines à apporter dans la ration, en fonction du gabarit. On considère qu’il doit être en moyenne de 60 g de protéines pour 1000 kcal. Ce rapport protido-calorique sera diminué pour un chien de petite taille (55 g/1000 kcal) et augmenté pour un chien de grande taille (65 g/1000 kcal).
Les petits chiens ont tendance à avoir un appétit diminué et une petite mâchoire. Ainsi, on privilégiera des aliments de petit calibre et des formulations appétentes, comme de la pâtée ou de la nourriture en sauce.
Une originalité est à noter chez les chiens nordiques, de gabarit moyen : il faut parfois un apport supplémentaire en zinc dans l’alimentation. Le mieux est d’en parler à votre vétérinaire.
Les chiens de grande taille doivent ingérer un volume conséquent de nourriture pour combler leur besoin. Il faudra veiller à diviser la ration quotidienne en 2 ou 3 repas pour ne pas risquer une dilatation, voire une torsion de son estomac.
La ration industrielle
Il s’agit du type de ration le plus utilisé, sous forme de croquettes ou pâtées.
Si vous optez pour des croquettes, vous devez vérifier les informations nutritionnelles qualitatives suivantes :
- Le RPC minimum doit être respecté : (%Protéines brutes x nombre de kcal pour 100 g de croquettes) / 1000 > RPC (propre au gabarit).
- Un type de protéines animales doit apparaître (volaille, bœuf, poisson…).
- Une quantité minimale de cellulose brute entre 1 et 5 %
- Présence d’omégas 3 et 6.
- Additifs en vitamines et oligo-éléments (cuivre, zinc…).
Parfois la notice du paquet de croquettes vous indique directement le volume à donner en fonction du poids. Si ce n’est pas le cas, calculez la quantité à distribuer en fonction du nombre de calories pour 100 g de croquettes, et répartissez cette quantité en 2 ou 3 repas.
La ration ménagère
Ce type de ration est délicat à envisager, surtout dans le cadre d’un protocole strict de rééquilibrage alimentaire. Généralement, elle est composée de volaille, bœuf ou poisson cuit. La cuisson est importante pour éviter toute contamination bactérienne ou parasitaire.
La source de fibres est apportée par des haricots, carottes ou courgettes, etc. Cette part est peu calorique, et il faudra apporter des lipides comme des huiles végétales. Celles-ci devront être ajoutées directement sur la ration pour préserver leurs richesses en oméga 3 et 6.
Pour ajuster l’apport en énergie, on complétera la ration par du riz et des pâtes surcuites. On doit presque obtenir une bouillie afin d’améliorer la digestibilité de ces aliments et éviter tout trouble digestif. Toute ration ménagère doit être supplémentée par un complément en vitamines et en oligo-éléments !
Attention, si vous donnez des friandises à votre chien, il faudra soustraire l’énergie en kcal apportée au besoin énergétique d’entretien corrigé.
En conclusion, l’alimentation doit être adaptée à l’état d’embonpoint et le gabarit de votre chien. Cette alimentation doit apporter protéines de qualité, fibres, lipides, glucides et surtout ne pas oublier les vitamines et oligo-éléments. Seul le rapport protido-calorique doit être adapté en fonction du gabarit ; les autres besoins étant significativement les mêmes. Toutefois le volume de la ration sera proportionnel à la taille de votre chien.
Bibliographie
- Blanchard, G., & Paragon, B.-M. (2008). L'alimentation des chiens. France Agricole.
- Lefebvre, S. (2019). Nutrition Vétérinaire du Chien et du Chat[VetAgroSup]. http://vetbrain.fr/wp-content/uploads/2021/02/3edb-travail-Nutrition_veterinaire_S-Lefebvre-coul-2.pdf
Par Solène Bonnet
Étudiante vétérinaire
Étudiante vétérinaire en quatrième année, Solène Bonnet intègre l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort en 2020 après la réussite du concours prépa BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre). Également cavalière de saut d’obstacles, elle utilise ses connaissances théoriques et l’expérience qu’elle acquiert lors de ses stages en clinique pour conseiller au mieux les propriétaires de chiens, chats, NAC et chevaux. Passionnée depuis son plus jeune âge par la biologie et les animaux, elle aime s’informer sur les dernières avancées scientifiques concernant la santé et le bien-être animal.
