Le chien hyperactif
Tout comme chez les humains, les chiens peuvent souffrir d’hyperactivité. Souffrir, car l’hyperactivité est un trouble du comportement qui est souvent associé à de l’hypersensibilité. On parle alors du syndrome Hypersensibilité-Hyperactivité ou syndrome HS/HA. C’est un trouble que l’on retrouve principalement chez le jeune chiot, ce trouble se rapproche très fortement du trouble qui existe chez les enfants que l’on appelle le trouble de déficit de l’attention avec Hyperactivité.
Attention, tous les chiens énergiques et très joueurs ne sont pas HS/HA. Ce syndrome est un vrai trouble qui serait d’origine génétique.
Qu’est-ce que le syndrome Hypersensibilité-Hyperactivité ?
Il existe deux points de vue en ce qui concerne ce fameux syndrome : un point de vue dit « anglo-saxon » qui s’inspire du modèle de l’enfant, mais dont l’origine est mal connue et le point de vue français qui définit le trouble HS/HA, il a été décrit par Pageat en 1995.
Le point de vue français baserait ce syndrome sur un trouble de l’homéostasie sensorielle. Elle serait un équilibre qui s’instaure au cours du développement entre un organisme et son milieu de vie. Par exemple, un chien qui a été élevé en ville ne réagira pas au passage d’une voiture, tandis qu’un chien élevé à la campagne pourra potentiellement réagir face à cette voiture. Le seuil de réaction s’établirait au cours du développement du système nerveux dans les trois premiers mois de vie du chiot et il dépendrait directement des conditions environnementales présentes lors du développement.
Ainsi, certaines conditions du développement peuvent favoriser l’émergence du syndrome d’hypersensibilité/hyperactivité : une séparation trop précoce de la mère, une mère bordée d’un trop grand nombre de chiots, une mère peu expérimentée… Finalement, le chiot se trouve dans un milieu hypostimulant et lors de la mise en place du filtre émotionnel, il va se constituer une base de données trop pauvre. Cette base de données va ensuite le mener à réagir à toute variation même minime de son environnement de manière exagérée.
Comment savoir si mon chien est hyperactif ?
Les chiens qui présentent cette affection sont donc des animaux qui ont un seuil de réactivité sensoriel très bas. Ainsi, à la moindre stimulation, ils vont réagir de manière intense. On va donc retrouver comme signes cliniques :
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Une activité motrice hypertrophiée : les chiens ne tiennent pas en place, ils courent, sautent et jouent sans arrêt, le propriétaire aura l’impression que son chien ne se fatigue jamais, qu’il est comme une pile électrique.
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Une absence de structuration des activités : ils n’arrivent pas à s’arrêter lorsqu’une activité est commencée sauf si une nouvelle activité est proposée.
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Une diminution globale du temps de sommeil, surtout chez les cas les plus sévères, ils ont des difficultés à se reposer tant qu’il y a de l’activité autour d’eux.
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Un trouble alimentaire : les chiots engloutissent plus qu’ils ne mangent et ils donnent l’impression de n’être jamais rassasiés
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Les chiots vont souvent faire beaucoup de bêtises, car ils vont avoir tendance à explorer leur environnement avec leur bouche plutôt qu’avec leurs autres sens.
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L’apprentissage est difficile, le chiot n’est pas patient et ne supporte pas d’attendre, il semble réfractaire à toute éducation.
Une grande majorité des propriétaires pensent à tort que le chiot est jeune et qu’il va se calmer avec l’âge et peuvent passer à côté du syndrome d’hyperactivité de leur chiot. Si vous avez des doutes, il vaut mieux en discuter avec votre vétérinaire qui pourra vous orienter vers un vétérinaire comportementaliste. Soyez indulgent avec vous-même, les signes cliniques peuvent être difficiles à appréhender surtout à un jeune âge.
Comment réagir face à ce trouble ?
Si vous avez des doutes, il est important d’emmener votre animal chez votre vétérinaire. Cette consultation permettra aussi de mettre en évidence potentiellement les signes cliniques associés à ce trouble, votre vétérinaire pourra vous conseiller d’emmener votre animal chez un vétérinaire comportementaliste. Il pourra vous conseiller et potentiellement vous prescrire un traitement afin d’aider votre chien.
Vous devez surtout retenir que tout cri, toute contrainte, tout jeu de lancer/rapporter ne feront qu’augmenter son instabilité. L’une des premières règles (qui reste bien évidemment dure à respecter) est de rester calme et posé.
Votre vétérinaire va d’abord vous proposer de mettre en place une thérapie comportementale avant potentiellement de mettre en place une thérapie médicamenteuse.
Il peut être bon de proposer une routine à votre chien afin de l’apaiser. Ignorer votre animal lorsque celui commence à devenir incontrôlable peut pendant un temps le calmer, pour cela vous pouvez tourner le dos à votre animal, ne plus le regarder, ne plus le toucher et ne plus lui parler. Concernant les mordillements, mais aussi pour tout autre type de comportements exagérés, vous pouvez isoler calmement et de façon posée votre animal afin qu’il comprenne que pour qu’il puisse rester avec vous, il ne doit pas produire ce type de comportement.
Attendez quelques minutes, puis il peut revenir avec vous. Si de nouveau le mordillement se produit, isolez-le jusqu’à ce qu’il comprenne. Rester calme, il est inutile de s’énerver sur lui ou de lui crier dessus, ce type de réaction ne fera qu’accentuer son propre comportement de mordillement.
Vous pouvez aussi mettre en place une thérapie par le jeu à l’aide de sa friandise préférée. Un chien hyperactif a besoin de beaucoup se dépenser physiquement, de se fatiguer, mais tout en évitant un excès d’excitation. Patiemment, vous allez lui apprendre à s’arrêter de jouer ou courir lorsque vous lui donnerez l’ordre et le récompenser dès que l’action est bien faite. N’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire afin d’éviter tout débordement.
Existe-t-il un traitement ?
Si malgré tout vos efforts pour aider votre animal, le comportement de celui-ci ne change pas, vous avez peut-être besoin de l’aide d’un traitement médicamenteux. Le traitement médicamenteux est souvent mis en place lorsque votre chien est plus âgé. En effet, la réussite des thérapies est fonction de l’âge de votre animal et de sa plasticité cérébrale. Ainsi, une thérapie comportementale peut suffire sur les chiots.
Le but de la thérapie du syndrome HS/HA est de rétablir un seuil d’homéostasie compatible avec le milieu de vie de l’animal, de contrôler et de supprimer certains comportements permettant ainsi de favoriser l’apprentissage des autocontrôles et la communication entre vous et votre animal. Le traitement médicamenteux va être constitué d’une chimiothérapie adaptée associée à une thérapie comportementale lorsque le chien sera mieux régulé.
Le syndrome d’hyperactivité existe réellement et peut toucher votre chien. On a vu que l’apparition de ce trouble fait souvent suite à des troubles ayant eu lieu lors du développement du chien. Une prévention devrait être mise en place, lorsque vous récupérez votre chiot auprès de l’éleveur, il est important de respecter l’âge idéal pour adopter son chiot. Si le chiot est séparé trop précocement de la mère, votre chien a plus de risques par la suite de développer ce syndrome.
Bibliographie :
- Carine, Isabel ANTUNES, 2006. Approche comparative du syndrome d’hyperactivité, THADA chez l’homme (Homo sapiens), et HS/HA chez le chien (Canis familiaris)
- Dr. Gaultier, Syndrome HSHA Troubles du comportement du chien : syndrome Hypersensibilité-Hyperactivité
Par Camille Citerne
Étudiante vétérinaire
Étudiante en 3e année, Camille Citerne a intégré l'ENVA (École Nationale Vétérinaire d'Alfort) en 2021 après une classe prépa ATS (Adaptation Technicien Supérieur) qui correspond à une classe prépa post-DUT. Elle a suivi un DUT Génie Biologique ce qui lui a permis de découvrir le monde du laboratoire. Camille souhaite faire une mixte canine-équine, mais elle n'est pas fermée à l'idée de travailler en tant que vétérinaire dans un laboratoire.