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Prévenir l'obésité chez le chien

On définit l’obésité comme une accumulation excessive de graisse corporelle chez l’animal. On parle de surpoids en cas d’excès de poids supérieur à 10 % du poids normal, et d’obésité en cas d’excès supérieur à 20 %. En France, 40 % des chiens sont en surpoids, dont 5 % d’obèses. L’obésité va prédisposer à de nombreuses pathologies en fragilisant l’organisme. Bien qu’un plan de diète puisse être mis en place grâce à un ou une vétérinaire nutritionniste, faire perdre du poids à un animal obèse nécessite un investissement sur plusieurs mois, et la prévention reste la meilleure option.

Illustration : "Prévenir l'obésité chez le chien "

Les prédispositions à l’obésité

Il existe des facteurs de risques d’obésité dits endogènes, c’est-à-dire imputés à l’individu :

  • Les races de petite taille sont particulièrement prédisposées à la prise de poids.
  • Divers facteurs génétiques jouent un rôle. Par exemple, il a été démontré que certaines lignées de Labradors Retrievers sont prédisposées à l’obésité à cause d’une mutation du gène POMC. Les chiens ont une plus grande motivation pour la nourriture, et s’éduquent facilement grâce aux friandises, ce qui entraîne à terme une sélection chez les chiens d’assistance.
  • L’âge : l’obésité est plus fréquente chez les chiens âgés, et chez les chiens aux propriétaires âgés. Les chiots obèses sont plus à risque de devenir des adultes obèses.
  • Les femelles sont plus susceptibles de devenir obèses que les mâles.
  • La stérilisation chirurgicale ou chimique favorise la prise de poids, les hormones sexuelles jouant un rôle direct dans la régulation du métabolisme.
  • Certaines maladies peuvent créer un terrain favorable à l’obésité : hypothyroïdie, diabète sucré, hypoadrénocorticisme…

On peut également identifier des facteurs de risques exogènes, donc relatifs à l’environnement et au mode de vie :

  • Sédentarité, manque d’exercice physique.
  • Alimentation inadaptée aux besoins énergétiques de l’animal.
  • Certains traitements médicamenteux : anti-épileptiques, corticoïdes.

C’est sur ces facteurs exogènes qu’il est possible d’agir préventivement.

Les conséquences de l’obésité chez le chien

Il a été démontré à plusieurs reprises que l’obésité du chien est associée à une réduction de la longévité, dont la durée varie selon l’âge d’apparition de l’obésité, les morbidités associées, la race…

Plusieurs maladies ostéo-articulaires sont favorisées par la surcharge pondérale des chiens obèses, comme l’arthrose et la rupture des ligaments croisés. Cela engendre un cercle vicieux. L’animal blessé voit son activité réduite, ce qui encourage la suralimentation, et l’exercice étant impossible, il est difficile de combattre le surpoids.

L’obésité favorise fortement l’apparition de problèmes cardiorespiratoires, généralement accompagnés d’une intolérance à l’effort et à la chaleur. Elle entraîne également des modifications du métabolisme glucidique, favorisant l’apparition de diabète par résistance à l’insuline. Des troubles digestifs de type constipation ou diarrhée, en lien avec une atonie digestive, peuvent apparaître. L’immunité est réduite ; les animaux obèses sont plus sensibles aux maladies infectieuses.

Chez les chiennes, l’obésité favorise particulièrement les troubles de la mise-bas ainsi que les tumeurs mammaires.

Il est plus difficile d’utiliser certaines techniques d’exploration médicale chez les animaux obèses à cause de la présence de graisse sous-cutanée ou abdominale : auscultation cardio-respiratoire, palpation, radiographies…

Les risques associés à l’anesthésie et aux chirurgies sont également majorés chez l’animal obèse. Cela concerne principalement le surdosage des molécules anesthésiques, le rallongement de la période de réveil à cause du stockage des molécules liposolubles dans le tissu adipeux, et diverses complications peropératoires liées à la présence de graisse autour des vaisseaux et organes.

Reconnaître l’obésité chez son chien

La plupart du temps, l’obésité est objectivée lors d’une consultation vétérinaire motivée par les manifestations cliniques de l’obésité, plutôt que par le constat de l’excès pondéral du chien en lui-même. Pour aider les propriétaires à surveiller l’état d’embonpoint de leur animal, la WSAVA (Association Vétérinaire Mondiale pour les Petits Animaux) fournit une échelle graduée de 1 à 9.

Il est recommandé de peser son animal régulièrement, au moins mensuellement, en utilisant toujours la même balance. Il est normal de constater des variations inférieures à 5 % autour du poids idéal.

Prévenir l’obésité au travers de la nourriture et des habitudes

La cause déclenchante majeure de l’obésité est une ingestion énergétique supérieure aux besoins réels de l’animal. Cela peut être dû à une mauvaise connaissance des besoins de l’animal, à de l’anthropomorphisme ou à une appétence trop forte de l’aliment. Si l'énergie de la ration est supérieure à l’énergie dépensée, le surplus est stocké dans les adipocytes.

En cas d’obésité juvénile (obésité dite hyperplasique), la perte de poids est très difficile, d’où l’importance de maîtriser la prise de poids chez l’animal en croissance. L’installation de l’obésité s’effectue en deux phases :

  1. Augmentation de l’ingestion et du poids.
  2. Moindre ingestion, mais stabilité du surpoids.

Pour éviter une prise de poids, il ne faut pas frustrer l’animal avec une diète drastique, qui serait source de stress. À la place, il est intéressant d’utiliser des gammes d’alimentation spécialisée avec une faible densité énergétique, mais qui rassasient l’animal, évitant ainsi qu’il ne quémande à longueur de journée. Une alimentation spéciale pour animaux stérilisés est à envisager en cas de stérilisation.

Il est également recommandé de fractionner la ration journalière en au moins 3 repas ou d’utiliser des dispositifs spéciaux, tels que des jeux d’intelligence, encourageant l’activité physique et stimulant mentalement l’animal.

La quantité d’aliments journalière doit être pesée le matin et distribuée dans la journée au cours de repas, dont les horaires sont fixes. En cas de cohabitation de plusieurs animaux, il faut s’assurer que chacun a accès uniquement à sa propre gamelle et ne consomme pas le repas des autres.

Chez un animal glouton susceptible de prendre du poids facilement, il vaut mieux éviter de distribuer des friandises caloriques. Les récompenses alimentaires restant un outil efficace dans l’apprentissage du chien, il convient de réduire la quantité d’aliments distribuée dans la journée, si l’animal consomme des friandises au cours d’une session d’éducation. Un exemple de friandises peu caloriques est l’utilisation de morceaux de pomme (sans pépin).

Il est important de permettre une dépense énergétique quotidienne de l’animal, en adéquation avec ses besoins. Les bonnes habitudes alimentaires sont à maintenir sur le long terme : en cas de relâchement, la prise de poids est rapide, surtout si le chien a des antécédents d’obésité. Il est important de discuter du plan d’alimentation de l’animal avec toutes les personnes du foyer, pour s’assurer que celui-ci est bien respecté et que l’animal ne reçoit pas une dose excessive.

Enfin, les changements dans l’environnement du chien sont une source de stress (voyage, mise en pension, arrivée d’un nouvel animal...), et peuvent avoir un impact sur le comportement alimentaire de l’animal. Il convient de surveiller de près l’alimentation du chien dans un tel contexte.

La prise en charge du surpoids chez le chien

Lors de la prise en charge d’un surpoids, on cherche à :

  • Perdre en masse graisseuse tout en conservant la masse maigre, c’est-à-dire les muscles.
  • Éviter la sensation de faim.
  • Éviter des carences liées à une restriction alimentaire.

Un vétérinaire nutritionniste calcule des objectifs de poids et des adaptations de la ration en se basant sur le poids optimal de l’animal. Il est important que la perte de poids soit progressive (0,5 à 2 % du poids par semaine). Voici quelques éléments nutritionnels clefs à garder en tête pour un chien en surpoids :

  • L’apport calorique quotidien doit diminuer ; cela passe principalement par l’utilisation d’aliments à faible densité énergétique. Il n’est pas nécessaire de diminuer la quantité d’aliments distribuée, mais plutôt de choisir un aliment pauvre en énergie. On recherche un aliment avec moins de 3,4 kcal/g de matière sèche (MS), et moins de 9 % MS de lipides.
  • L’apport d’acides gras oméga-3 est intéressant, car ces lipides jouent un rôle anti-inflammatoire et améliorent le contrôle métabolique du glucose et de l’insuline.
  • Il faut conserver la masse musculaire malgré une baisse de l’apport énergétique. La digestion des protéines nécessite plus d’énergie que celle des lipides, et participe à la sensation de satiété. On recherche donc un aliment à plus de 25 % MS en protéines.
  • Les fibres permettent de diluer l’énergie de la ration et d’augmenter la satiété, mais elles diminuent en parallèle l’appétence et la digestibilité de l’aliment, tout en augmentant le volume des selles et la fréquence de défécation. L’idéal est donc un aliment à 10-15 % MS en protéines.

L’obésité est un problème fréquent chez le chien, qui nécessite une prise en charge précoce et sur le long terme. Les résultats peuvent parfois mettre du temps à apparaître, mais il ne faut pas se décourager. Un respect strict des conseils diététiques donnés par le vétérinaire permettra à terme à l’animal de retrouver son poids de forme ou, a minima, de limiter les risques liés à l’obésité.

Bibliographie

  • GRANDJEAN D. (2022) Nutrition clinique : applications pathologiques (cours ENVA).
  • DIEZ M., NGUYEN P. (2006) Obesity: epidemiology, pathophysiology and management of the obese dog.
  • WSAVA (2013) Body Condition Score.